Fausse conversion au christianisme au Jharkhand

En Inde, un cardinal dénonce les mensonges à propos de conversionsLe premier cardinal indigène d’Asie, Telesphore Toppo, accuse le Conseil hindou mondial d’avoir faussement allégué qu’une tribu dans l’État du Jharkhand avait été convertie au christianisme pour faire passer une loi anti-conversion dans cet État de l’Est de l’Inde.15/10/15 - 15 H 50 - Journal La Croix


Shibu Soren (D), premier ministre de l’Etat indien du Jharkand avecle cardinal Telesphore Placidus Toppo à Ranchi, lors d’une assemblée des évêques catholiques d’Inde, le 6 mars 2005.
« Les reportages dans les médias sont faux ! », a affirmé le cardinal Telesphore Toppo à l’agence Ucanews, mercredi 14 octobre. Selon l’archevêque de Ranchi, capitale de l’État du Jharkhand, le Conseil hindou mondial (Hindu Vishwa Parishad) a menti en alléguant qu’environ 300 membres de la tribu Asur auraient été convertis au christianisme dans la ville de Gumla, dans le Jharkhand (Est de l’Inde). « Cette tribu est chrétienne depuis des décennies et aucune augmentation soudaine de conversions d’indigènes n’a été constatée ces dernières années », a ajouté le cardinal Toppo, premier cardinal indigène d’Asie.
Cette information a été corroborée par Neha Arora, sous-directrice du tribunal administratif de Gumla. « Il n’y a aucune confirmation officielle de conversions. Si un tel rapport se présentait, je le saurai ! », a-t-elle également déclaré à Ucanews.Amendes et peines de prisonSelon le cardinal Toppo, ces histoires de conversion d’indigènes ont été « fabriquées » pour inciter à faire voter une loi anti-conversion dans le Jharkhand, gouverné par le BJP, le parti hindouiste nationaliste qui veut faire de l’Inde une nation hindoue. Les États voisins du Chhattisgarh et du Madhya Pradesh, également gouvernés par le BJP, ont des lois anti-conversion qui criminalisent les conversions à l’islam ou au christianisme si celles-ci se font sans autorisations gouvernementales et qui prévoient de fortes amendes et des peines de prison pour les personnes impliquées dans ces conversions. Sur les 29 États de l’Inde, sept disposent déjà de telles lois.
Les Églises catholique et protestantes se sont opposées à de telles lois qui violent la liberté religieuse garantie dans la Constitution indienne. L’Église catholique, qui est très appréciée en Inde à travers ses établissements scolaires et ses hôpitaux réputés, craint en effet que l’on interprète comme des « tentatives de conversion » ce qui constitue un soutien des populations indigènes.Dès la seconde moitié du XIXe siècleLa mission de l’Église catholique auprès des indigènes, menée notamment par des missionnaires jésuites, a commencé dès la seconde moitié du XIXe siècle. Cet État de 33 millions d’habitants, compte désormais 1,4 million de chrétiens, la majeure partie étant des indigènes ou des Dalits (hors-caste ou intouchables). Ainsi, la population chrétienne dans le Jharkhand représente 4,5 %, soit presque le double que dans la moyenne nationale et beaucoup plus que dans les États voisins où les chrétiens représentent moins de 1 % de la population. Et à Gumla, où les conversions présumées auraient eu lieu, environ 20 % du million d’habitants sont des chrétiens.
C. LE. (avec Ucanews)
 
 



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