le 9/3/2010 à 16h25 par Antoine Guinard
Une poignée de partis minoritaires continuent à s’opposer fermement à un amendement pour accroitre la représentation des femmes dans l'hémicycle. Le vote concernant cette initiative soutenue par les principaux partis et a été approuvé hier par une écrasante majorité de députés à la chambre haute.
Les médias indiens parlent déjà d'une victoire historique pour la coalition gouvernementale. La Rajya Sabha, la chambre haute du Parlement indien a voté en faveur du Women Reservation Bill, une loi accordant 33% des sièges aux femmes dans l'hémicycle, tant au niveau fédéral que régional. Un seul député sur 186 a voté contre. L'amendement doit maintenant être approuvé par la Lok Sabha, la chambre basse, pour être inscrit dans la constitution.
L'ouverture des débats avait pourtant démarrer sur un scénario catastrophe. Empoignades, documents déchirés, agression sur le vice-président de l'Assemblée: une atmosphère anti-démocratique avait envahi lundi le Parlement indien, où devait être votée la Women Reservation Bill. Le vote a finalement pu avoir lieu en fin de journée mardi, après plusieurs ajournements de séance, la veille.
Des députés de trois partis régionaux minoritaires opposés à cette nouvelle loi avait en effet empêché le vote de se dérouler comme prévu le jour symbolique de la journée internationale de la Femme, le 8 mars, obligeant la chambre haute du Parlement a le repousser à mardi. Sept d'entre eux ont finalement été suspendus aujourd'hui pour avoir perturbé l'assemblée.
Rien ne laissait toutefois présager une amélioration de la situation aujourd'hui, alors que le leader du Rashtriya Janata Dal (RJD) Lalu Prasad Yadav, le chef du Samajwadi Party (SP) Mulayam Singh Yadav et le président du Janata Dal United (JDU) Sharad Yadav ont réaffirmé leur ferme opposition à la loi
Le "trio Yadav" s'est entretenu avec le Premier ministre Manmohan Singh à sa résidence dans la matinée de mardi, réitérant sa position : "Nous avons demandé au Premier ministre de repousser [le vote]. Nous avons fait une demande pour réunir tous les partis sur la question", a déclaré à la chaîne CNN-IBN Lalu Prasad Yadav.
L'ex-ministre des chemins de fer et ses deux soutiens du moment contestent la résolution, affirmant qu'elle devrait profiter aux "femmes dans le besoin", c'est à dire les plus défavorisées de la société indienne. "Nous avons exprimé notre opinion, ce que nous ressentons pour les femmes musulmanes et celles appartenant aux basses castes", a déclaré pour sa part Sharad Yadav.
Mais cet argument est perçu avant tout comme une simple excuse pour enrayer le vote, d'autant que ces éventuels quotas accordés aux "minorités" sont inexistants pour les députés masculins.
Le Parlement indien est pour l'heure dominé par la gente masculine, les femmes n'occupant que 10% des sièges. Une nouvelle résolution pour leur assurer une meilleure représentation avait été proposée dès 1996 mais n'avait pas passé le test du vote.
Trois ans plus tôt, une représentation de 33% de femmes au niveau local (Local bodies- conseils de villages ou Panchayats) avait été votée. Les circonscriptions étant accordées aux candidates femmes de manière rotative, les députés régionaux et fédéraux qui s'opposent à la Women's Reservation Bill craignent désormais que la nouvelle loi les oblige à renoncer –du moins momentanément – à leur mandat.
Le projet d'augmenter le nombre de sièges pour les femmes de 59 actuellement à 181 (sur 545) bénéficie désormais du soutien de la coalition gouvernementale menée par les parti du Congrès, du Bharatiya Janata Party (BJP), le principal parti d'opposition, et ses alliés, ainsi que des partis de gauche. Le BJP et le parti communiste (CPI-M) affirment cependant maintenant que le vote doit être précédé par un débat. L'amendement doit être approuvé par les deux tiers des députés pour être validé.