Le Premier Ministre indien a-t-il reçu un message de l'au-delà ?

Apic et Église d’Asie, le 31/08/2016 à 13h08
En Inde, le premier ministre surprend en faisant l’éloge de Mère Teresa. Pour la première fois, le premier ministre indien Narendra Modi s’est montré positif à l’égard de Mère Teresa qui sera canonisée à Rome le 4 septembre.
Pour la première fois également, une délégation gouvernementale indienne se rendra au Vatican pour une canonisation.
« Mère Teresa a consacré sa vie entière à servir les plus pauvres et les plus démunis en Inde », a déclaré le premier ministre indien Narendra Modi, dans un message radio dimanche 28 août. Un éloge qui a surpris de la part du chef de gouvernement connu pour son hostilité à l’égard de l’action de Mère Teresa et des Missionnaires de la Charité.
« Quand une telle personne se voit attribuer le titre de sainte, il est tout naturel que les Indiens se sentent fiers », a poursuivi Narendra Modi. Il a rappelé que, même si Mère Teresa n’était pas née en Inde, la religieuse d’origine albanaise, qui sera canonisée dimanche 4 septembre au Vatican, avait servi les Indiens durant toute sa vie.
C’est la première fois que Narendra Modi se montre positif à l’égard de Mère Teresa et de sa congrégation. Son parti, le BJP (Bharatiya Janata Party), parti nationaliste hindou actuellement au pouvoir, accuse en effet régulièrement les chrétiens de s’occuper des pauvres dans le but de les convertir au christianisme.
Et de nombreux membres du BJP sont connus pour être hostiles, voire agressifs, envers les minorités religieuses, particulièrement les chrétiens.
Une canonisation qui dépasse la sphère catholique Il faut dire que l’engouement en Inde pour la canonisation de Mère Teresa dépasse largement la sphère catholique, acquérant une réelle dimension nationale et interreligieuse. Le gouvernement indien, bien qu’issu du BJP, se devait donc d’y participer.
Même si le premier ministre ne se rendra pas à la cérémonie de canonisation, il sera représenté au Vatican par une délégation gouvernementale officielle composée de onze membres, avec, à sa tête, la ministre des affaires étrangères, Sushma Swaraj.
Deux autres délégations indiennes seront également présentes, celles des États de Delhi et du Bengale-Occidental, conduites par leur ministre-président.
Courtiser l’importante minorité chrétienne du Bengale-Occidental D’ailleurs la ministre-présidente de l’État du Bengale-Occidental, Mamata Banerjee, pourtant annoncée comme faisant partie de la délégation officielle gouvernementale, a créé la surprise, le 26 août, en annonçant qu’elle ne se rendrait pas au Vatican en tant que membre de la délégation gouvernementale, mais en tant qu’invitée des Missionnaires de la Charité.
Selon des sources de l’opposition indienne, cette décision de Mamata Banerjee de ne pas s’afficher avec la délégation gouvernementale au Vatican a pour but de ménager les susceptibilités des extrémistes hindous et de courtiser l’importante minorité chrétienne du Bengale-Occidental. « Les violences que subissent les Indiens convertis au christianisme de la part des groupes extrémistes hindous liés au BJP, sont devenues un problème international et Mamata en a bien conscience », a expliqué un responsable de l’opposition.
C’est également la première fois qu’une délégation gouvernementale indienne se rend au Vatican pour une canonisation. En 2014, lors des canonisations à Rome par le pape François du bienheureux P. Chavara Elias Kuriakose (1805-1871) et de la bienheureuse Sœur Euphrasia du Sacré-Cœur de Jésus (1877-1952), tous deux originaires du Kerala, dans le sud de l’Inde, aucune délégation du gouvernement fédéral ne s’était rendue au Vatican. Seule une délégation officielle du Kerala conduite par un ministre s’était déplacée.

Un évêque catholique parmi la délégation officielle indienne Autre point intéressant dans la composition de cette délégation gouvernementale : Mgr Theodore Mascarenhas, secrétaire général de la Conférence des évêques d’Inde (CBCI) en fait partie. Sa présence, selon lui, est la preuve que le gouvernement actuel reconnaît la CBCI comme la voix officielle de l’Église catholique en Inde.
« C’est une évolution très positive. C’est un honneur de faire partie de la délégation gouvernementale. Nous avons hâte de travailler étroitement avec le gouvernement sur les questions de l’Église et des chrétiens en Inde », a-t-il déclaré le 29 août à l’agence d’information catholique asiatique Ucanews.




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