Comme le souligne le professeur Haragopal, analyste politique, il est clair que les aspirations au séparatisme des habitants du Telangana sont le fruit d'injustices sociales, économiques et culturelles vieilles de plusieurs siècles. «Au Telangana même, les dirigeants régionaux ne se sont jamais inquiétés du sort de la population», relève Haragopal. «Une fois élus, les députés de la région se soucient comme d'une guigne du bien-être de ceux qui les ont portés au pouvoir. Ils n'ont qu'une ambition, s'enrichir», renchérit Madabhushi Sridhar. C'était déjà ainsi avant l'Indépendance, dit-il. L'état princier d'Hyderabad, peuplé majoritairement d'hindous, était dirigé par des souverains musulmans, les nizams. «Les propriétaires terriens hindous des hautes castes ont fait alliance avec les nizams pour participer au pouvoir, mais ni les uns ni les autres n'ont développé la région», explique l'universitaire.
Il énumère les griefs des habitants du Telangana. «Ils sont victimes de plusieurs formes de discrimination, dit-il. Ils souffrent de la sécheresse parce que l'eau des rivières est détournée au profit de l'Andhra ; ils n'ont jamais eu accès à une véritable éducation, même avant l'Indépendance ; enfin, ils sont ridiculisés par les autres régions de l'État, y compris pour leur accent…»
Un État bien à eux résoudra-t-il le problème des habitants du Telangana ? «Tout dépend des dirigeants de ce nouvel État», raisonne le professeur Haragopal. Il est prêt à prendre le pari qu'une plus petite entité engendrera une meilleure gouvernance. «De toute façon, il faudra au moins quatre ans pour que le rêve du Telangana devienne réalité ; former une administration prend du temps. D'ici là, les esprits se seront calmés, tout le monde se sera fait à l'idée de la séparation», glisse Surya, l'étudiant. Et un nouveau statut aura sûrement été trouvé pour Hyderabad.