En Inde les violences contre les chrétiens
                         ont doublé en un an

Claire Lesegretain (avec Ucanews) , le 21/02/2018
Selon Shibu Tomson Thomas, fondateur et coordinateur de Persecution Relief, une organisation œcuménique de défense des chrétiens indiens, les attaques menées par des hindouistes contre des chrétiens ont doublé depuis l’an passé. Cette organisation a, en effet, enregistré 736 agressions en 2017, contre 348 en 2016, qu’il s’agisse d’attaques physiques ou verbales contre des prêtres, des pasteurs ou des fidèles, ou de destructions d’église et de bâtiments ecclésiaux.
La situation a surtout empiré dans les 19 États (sur 29 au total) gouvernés par le BJP (Bharatiya Janata Party), le parti fondamentaliste hindouiste actuellement au pouvoir à Dehli.
Les quatre États de l’Uttar Pradesh (nord), du Madhya Pradesh (centre), du Tamil Nadu (sud-est) et du Chhattisgarh (centre-est) cumulent à eux seuls 57 % des attaques. Ainsi dans le Tamil Nadu, où le BJP gouverne depuis 2016, une hausse de 60 % des violences antichrétiennes a été enregistrée, avec 48 agressions.
Dans l’Uttar Pradesh, où le yogi Adityanath, moine hindou extrémiste du BJP, est devenu premier ministre en 2017, 69 attaques ont été enregistrées, alors qu’il n’y en avait eu que 39 en 2016 quand le Parti socialiste Samajwadi était au pouvoir. Selon le pasteur Anil Andrias, missionnaire dans l’Uttar Pradesh, « depuis l’arrivée de Yogi Adityanath, cet État est devenu dangereux pour les chrétiens parce que les groupes hindouistes se savent soutenus par le gouvernement ».Une stratégie derrière ces attaques« Il y a un programme et une stratégie derrière tout cela », estime Shibu Tomson Thomas : « le BJP veut faire de l’Inde un État exclusivement hindou et, pour cela, pousser les minorités chrétiennes et musulmanes à se convertir ou à partir ». Les chrétiens ne représentent que 2,3 % de 1,3 milliard d’Indiens, soit 29 millions.
Le coordinateur de Persecution Relief met en avant « l’audace croissante » des groupes hindouistes nationalistes qui mènent « ouvertement » des attaques contre les chrétiens. « L’appareil d’État est utilisé sans vergogne pour persécuter les chrétiens. Les fondamentalistes violentent les chrétiens puis utilisent la police pour les persécuter davantage. Cela se passe tous les jours », déplore-il.
De fait, la plupart des plaintes déposées à la police par les victimes se retournent contre les chrétiens qui se retrouvent accusés d’intolérance et de discrimination religieuse, voire de sédition contre l’intégrité nationale. Or ce motif d’accusation est considéré comme un « crime grave » dans la Constitution indienne.Finir sa vie en prison« Si les charges de sédition sont prouvées, l’accusé peut se voir condamner à finir sa vie en prison », explique Shibu Tomson Thomas à l’agence Ucanews. En agissant ainsi, il s’agit, selon lui, de faire passer les chrétiens « pour des personnes menaçant gravement la sécurité nationale ».
Shibu Tomson Thomas voit là « un souci majeur », car « dans 99 % des affaires, de faux témoignages sont apportés pour accuser les chrétiens de sédition ».
Claire Lesegretain (avec Ucanews)
 
 



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